Balade autour d’Astaffort
Un ami journaliste m’a dit un jour, à peu près : « Tu te promènes dans le département, tu découvres de jolis coins, tu prends des photos, pourquoi ne ferais-tu pas un papier sur tes sorties ? » Il devait m’imaginer pigiste mais, moi, à tort ou à raison, je ne m’y sens pas. Pourtant, aujourd’hui, en marchant toute seule tout à l’heure j’ai regretté de n’avoir pas pris mon petit magnéto. Alors, de retour… je vous livre ma première page. Merci de me donner vos avis, commentaires, critiques…
Mon côté sauvage, mes problèmes du moment, besoin de solitude, je n’explique pas pourquoi, mais au lieu de rejoindre le groupe, l’envie m’a prise de partir seule sur le circuit court. 8 km de plaisir solitaire et de silence plutôt que 13 km plus sportifs, dans une ambiance bien sympathique, certes, mais bruyante. Et tout le temps de faire des tas de photos.
Partant de la place de la halle, j’ai d’abord flâné dans les ruelles d’Astaffort autour de l’église et de la mairie, pris quelques clichés.
Puis, j’ai suivi la carte et le tracé qui commence par un petit bout de route montante et se continue, assez longuement, sur un sentier ombragé qui sent bon le foin. Les talus ont été fauchés, donc pas de fleurs, mais un sous-bois bien agréable. Le sentier débouche sur un panorama de terres cultivées entrecoupées de petits bosquets et aussi, moins plaisant, sur un coin d’amas de meules de foin peu décoratif, ça fait désordre…
Là, j’attaque la partie la plus difficile du parcours, une cote sévère. Je l’attaque à mon rythme et m’arrête pour boire à l’ombre, en surplomb d’un troupeau de Blondes d’Aquitaine bien paisibles : elles peuvent enfin se dorer au soleil, dans l’herbe fraîche encore humide des dernières pluies dont la terre ne veut plus.
Je croise une jolie jeune fille avec son chien : « Madame, vous savez, ça monte beaucoup après, je n’ai pas continué ». Elle a dû me prendre pour une très vieille ; sa gentillesse en serait vexante, tant pis, je lui pardonne. « Il semblerait pourtant que le panorama en vaut la peine ». « Oui, d’où l’appareil photo ? ». « Exactement, et pour le plaisir aussi… » « Bonne promenade ». « Bon après-midi ».
Je m’arrête souvent sur cette rude montée, pour souffler, certes, bien que j’avance malgré tout sans trop d’effort, surtout pour admirer les points de vue. Une chaleur humide monte du sol avec des parfums d’herbes sauvages. Et la récompense est là : plus on s’élève, plus la visibilité s’élargit sur les collines, les plaines, les bois, les prés, les champs, les cultures, 360° de nature. Et le silence ! Pour une fois, pas un engin agricole en marche. Les oiseaux, les grillons, le vent dans les arbres : le silence, quoi !
Le village de Cuq semble me suivre sur la gauche ; j’aperçois son moulin un peu plus loin. Puis vient une longue descente au soleil entre les champs. Des vignes bordées de rosiers comme autrefois*, des vergers et… un cerisier ! C’est défendu dans les règles du sage randonneur, pourtant j’en ai goûté une ; à peine mure mais exquise, j’ai dû forcer le pas pour résister à la tentation. A un croisement de sentiers, je m’arrête, émerveillée par un massif d’arums en fleurs sur près de dix mètres. Un multitude de cornets immaculés aux pistils jaunes d’or chatouillés par les abeilles. Je passe un moment à essayer de les « mettre dans la boîte ».
J’arrive sur une route. Distraite par le paysage, je n’ai pas fait attention au marquage, alors je déplie le plan. Je n’hésite pas longtemps, pas la peine d’ajuster les lunettes. De l’autre côté, un passage d’herbes hautes avec deux traces parallèles : les copains que j’ai boudés aujourd’hui sont passés par là et sans doute aussi les deux quads qui m’ont dépassée tout à l’heure (oui, ils ont rompu « mon » silence…). Sur certains passages, cette chaleur humide, étouffante, parfumée, monte encore du sol, ce qui ne m’empêche nullement d’apprécier le soleil enfin de retour et pas trop brûlant encore, surtout avec ce petit fond d’air bien agréable.
La variante pour le circuit court passe par un large chemin à demi encaillassé entre deux rangées d’arbres à l’ombre reposante. Oh ! Surprise ! Des fèves ? Oui, des fèves sur le talus. Les gousses sont petites, mais elles ont l’air bien pleines, j’en cueille quelques unes pour une croque-sel ce soir.
Là encore, le sentier s’ouvre sur les plaines cultivées aux multiples couleurs de la végétation naissante, ces plaines dont la douceur rappelle que nous sommes loin du Pays de Serres et tout près de la Lomagne.
J’arrive plus tôt −pourtant, j’ai flâné− que je l’avais prévu au point de jonction des deux circuits de randonnée, trop tôt pour avoir la patience d’attendre et surprendre les copains du grand tour. La fin du parcours est moins bucolique, je remonte dans Astaffort par les petites ruelles parfois généreusement fleuries et le boulevard des Remparts. Quelques clichés encore, mais je ne m’attarde pas.
A l’entrée d’Astaffort, le Moulin de la Minoterie sur le Gers, ses deux cascades, magnifiées aujourd’hui par l’abondance du débit du fleuve et la lumière de l’instant, m’ont toujours attirée sans que je prenne le temps de m’arrêter. Cette fois-ci, j’y passe un grand moment pour finir cet agréable après-midi et je mitraille des deux côtés de la route. En fait, l’après-midi s’est conclu par un petit jeu de cache-cache avec une sauterelle. Il en faut peu pour amuser le photographe…
Le plaisir continuera avec les photos.
Les autres photos sont sur : http://www.flickr.com/photos/brigitte-lgvr/
* Autrefois, des rosiers étaient plantés en tête des rangées de vigne : ils sont les premiers à souffrir du mildiou et, dès les premiers signes d’infestation, les vignerons traitaient leurs vignes préventivement.