ch.3- Les examens
Dimanche 10 mars 2013 – Le Laurier Rose
Arrivée à 18 h 30. Très bon accueil. La réceptionniste nous propose la meilleure chambre double mais… à l’étage et sans ascenseur. Elle me voit faire la grimace en regardant Maminou vacillante sur sa canne. Elle se ravise et nous emmène dans un recoin au rez-de-chaussée. Elle s’excuse parce que c’est la seule chambre qui n’a pas été refaite. Tant pis pour les accrocs dans le lino, ça nous convient très bien.
Nous nous installons, faisons les lits. Repas servi un peu avant 8 heures. Simple et très bon. Aux résidents de débarrasser et préparer les tables du petit déj. Télé pour les uns, retour aux chambres pour les autres.
J’ai tout ce qu’il faut pour se réveiller à temps, radio-réveil, téléphone… ça ne suffit pas à Maminou qui commence à « trentoler » à 6 heures. Et un tour à la salle de bain pour consulter sa montre, et marmonne « faut pas rater l’heure », et tourne et vire en faisant le maximum (hmm…) pour ne pas me réveiller. Bref, nous étions nettement dans les temps quand on frappe à la porte : « la navette ! » Et zut 25 minutes d’avance, donc départ sans petit déj.
Lundi 11 mars 2013 – Hospitalisation
Arrivée au pavillon Dieulafoy. Pas de problème pour moi. Par contre, pas d’hospitalisation pour Maminou ! J’insiste et on finit par nous envoyer au premier étage pour ne pas manquer les premières consultations. Là, on constate avec les infirmières que, même nom, mêmes examens, l’hospitalisation a été enregistrée à mon nom avec les horaires de Maminou. Grâce à cette paperasserie, nous avons le temps de prendre un café au distributeur et un petit gâteau sorti du sac.
Le temps que tout soit mis d’équerre, que le premier examen soit passé, impossible de mettre la main sur nos cartes et pièces d’identité. Tout le monde s’est mis en chasse et, finalement, on a retrouvé mon dossier dans le tiroir de la table de nuit… A croire que mes petits lutins farceurs m’ont suivie jusqu’ici, ou que je perds la boule.
1er examen : PEA (test de potentialité auditive)
C’est une sorte d’audiogramme. Au lieu que ce soit le patient qui dise « j’entends » « j’entends pas » ce sont des électrodes bien placées qui répondent pendant que le patient pique une sieste de trois quarts d’heure avec des bruits de (petit) marteau piqueur dans les oreilles. Y a plus stressant.
2e examen : VNG (tests vestibulaires)
Là, on vous met un casque sur la tête bien calée, et vous devez suivre des yeux un ou des petits carrés lumineux qui se baladent d’un côté à l’autre de l’écran noir.
Ensuite, l’opérateur explique que, jusque là, il a stimulé les deux centres de l’équilibre en même temps. Maintenant, il va les stimuler séparément, en remplissant l’une après l’autre les deux oreilles, un coup avec de l’eau froide, un coup avec de l’eau chaude. Le but est… de provoquer des vertiges. Pour moi, c’est gagné, mais c’est rapide et pas éprouvant. Ceci dit, à l’époque où j’avais des otites à répétition, j’aurais beaucoup mieux apprécié ce jet d’eau chaude.
Fin des consultations pour aujourd’hui.
Je m’occupe de faire brancher la télé dans la chambre. L’après-midi va être long. Évidemment : panne. Livres, mots croisés, sudoku, manque la crapette et le scrabble (heureusement qu’on n’a pas pensé au scrabble, Maminou m’aurait honteusement battue). Un réparateur TV nous est quand même envoyé rapidement. En attendant la soirée, je pianote sur la tablette numérique, mais je n’ai pas de connexion internet.
Entre deux rendez-vous, j’ai fait un saut jusqu’au secrétariat qui avait été chargé des prises de rendez-vous. Il manque le dermatologue (il n’y en a pas sur Purpan) et j’ignore si Maminou doit ou non voir le généticien avec moi le 4 avril. Questions à poser à Monsieur Fraysse, donc réponses plus tard.
Il fait beau et bon, j’aurais pu aller marcher un peu. Hélas, le soleil passe mal entre les grands bâtiments et tout ce qu’il y a à respirer, c’est tabac (les pauses-cigarette des patients et des professionnels…) et pots d’échappement. J’aspirerais à d’autres fragrances.
Avant le repas, visite d’un médecin, sans formalité, il n’y a rien à conclure dans l’immédiat. Elle confirme à Maminou, qui en doute, que la kiné pourrait améliorer son équilibre.
Nuit difficile. Maminou tourne et vire ou ronfle. Elle dira demain qu’elle n’a pas dormi, mais à 10 heures déjà, elle manquait le contrôle routinier de la tension et de la température. Et la tisane aussi. Une infirmière passe à 2 heures récupérer un portant de perfusion. Maminou ne bouge pas mais, moi, elle me sort du premier sommeil. Impossible de me rendormir, j’ai tout le loisir d’écouter les petits oiseaux.
Mardi 12 mars 2013 – 3e examen : kiné
Mme JJ, très gentiment, me fait passer des tests d’équilibre, debout puis dans un fauteuil qu’elle fait tourner. Là, comme en VNG, j’ai un casque sur la tête monté d’une caméra qui transmet les mouvements des yeux sur un écran. Le résultat n’est pas mauvais, le très léger et ponctuel déséquilibre viendrait plutôt de mes tremblements, à peine perceptibles pourtant. Ces tremblements, c’est vrai que jusqu’à présent je n’y attachais aucune importance et n’en avais pas parlé.
Maminou y passe à son tour. Elle reconnaît Mme JJ qui l’a guidée avant son implantation cochléaire. Confirmation pour elle que les centres de l’équilibre (vestibules) ne se sont pas dégradés, mais que le problème vient bien de sa perte de sensibilité du bas des jambes, gauche surtout.
4e examen : ORL, vertiges et acouphènes
Quand elle reprend la lettre de la neurologue pour ma mère, je me rappelle qu’il y est demandé une prise de sang et un examen (électromyographie) qui n’ont pas été programmés. Le Dr P note pour les infirmières de procéder à cette prise de sang et rédige un rappel pour l’examen musculaire dont la date nous sera communiquée plus tard par téléphone. Elle prescrit aussi de la kinésithérapie pour Maminou.
Retour dans la chambre. Prise de sang pour Maminou. Pour taquiner l’une et l’autre, je la préviens que la petite infirmière est stagiaire ; ça ne fait ni chaud ni froid à ma mère mais intimide la stagiaire, que j’assure quand même de ma confiance et qui s’y prend très bien et en douceur.
Mme JJ, la kiné, apporte à Maminou un « protocole » de petits exercices à faire pour aider à corriger le déséquilibre, et une liste de trois kinésithérapeutes sur Agen, susceptibles de pratiquer la rééducation vestibulaire. Déjà, Maminou refuse de se faire « trimbaler » plusieurs fois par semaine. Elle a pourtant ici la réputation d’une patiente docile, obéissante et volontaire. Je la laisse rouspéter : un de ces kinés travaille avec mon ostéopathe, je lui montrerai l’ordonnance. C’est d’ailleurs lui qui l’avait suivie au début de ses consultations à Toulouse, il y a 20 ans.
Repas, un peu moins fade que les précédents. On attend le café et je m’occupe de la sortie. Maintenant, nous sommes impatientes de quitter les lieux. Le personnel est sympa, le suivi parfait, mais matériellement, c’est pas du trois étoiles, même pas une : les repas seraient corrects s’ils étaient un peu relevés, tout est fade ; fenêtre et store bloqués depuis octobre (je n’invente pas, c’est écrit dessus), pas d’oreiller (ce qui a le plus manqué à Maminou qui l’a remplacé par son pull) ni de couverture supplémentaire (froid au bas des jambes). Enfin, peut-être qu’après la construction des nouveaux pavillons, ils restaureront les anciens…
Les infirmières doivent récupérer les dossiers chez l’ORL, font la feuille de transport et nous descendons. Attente aux guichets d’admissions et sorties, ça bouscule. Attente de la navette en compagnie de la petite stagiaire qui termine son service ; il fait beau mais frais. Retour au Laurier Rose. Maminou s’installe dans la voiture (« un peu chez soi, c’est bon ! »), je vais m’excuser pour notre départ précipité la veille, vérifie que nous ne devons rien, et… en route !
J’avoue avoir trouvé la route longue, je ne me suis quand même pas arrêtée. Je « décharge » Maminou, qui me répète qu’elle est désolée qu’on n’ait rien de précis pour moi : c’était prévu.
A 16 heures, mon feu est allumé, je m’écrase dans mon fauteuil avec un café et j’allume la télé, mon meilleur somnifère.