ch.1- Le diagnostic
Dimanche 2 décembre 2012 – En famille
– Ma sœur, faut que tu voies un toubib, ça devient gênant !
– C’est toujours cette fichue otite séreuse* ou un peu de sinusite. J’ai souvent l’oreille bouchée, le nez qui coule en permanence, je dois avoir les sinus pleins et c’est ça qui doit gêner l’œil, le « gonfler ». J’ai rendez-vous chez l’ORL et l’ophtalmo. L’ORL ne pourra plus me dire que ça vient de mes dents, là tout est à neuf.
Jeudi 6 décembre 2012 – Ophtalmo
Rendez-vous pris en urgence, ce n’est pas le médecin qui me reçoit mais un de ses adjoints. Je lui explique que, depuis quelques mois, j’ai l’œil gauche « gonflé » et larmoyant, exorbité comme il peut le constater, mais il n’est pas douloureux. Y voyant déjà très peu de cet œil amblyope*, je n’ai pas senti de diminution de l’acuité visuelle.
Oh, oui, il m’a examinée. Consciencieusement. Très consciencieusement. J’ai dû passer deux fois 20 minutes derrière ses appareils. Ébloui, aveuglé, écarquillé, écartelé, dégoulinant de produits et de larmes, mon oeil gauche !
Particulièrement taiseux et tendu, l’ophtalmo. Pas moi. J’attends ses conclusions, et elles tardent à venir. Enfin, il repousse ses appareils, mais seulement pour se mettre à l’ordinateur. Cinq minutes passent encore avant qu’il se retourne vers moi qui attends sagement et, avec un léger accent :
– Votre myopie s’est aggravée, elle est passée de 1,5 en 2002 à 17 (dioptries je suppose), c’est pour ça que votre œil a gonflé.
Interloquée, l’espace d’un éclair, je révise mes cours de physique, mes notions d’optique et reste abasourdie et quelque peu sceptique :
– Ce n’est pas plutôt le contraire ?
– Non (laconique).
Mes questions fusent :
– D’où ça vient ? Est-ce que ça va continuer ? Jusqu’à quand ? Des traitements ?
En guise de réponses je n’obtiens que des haussement d’épaules dubitatifs. Sans doute que ça va continuer. Et il ne sait pas jusqu’à quand. Et non, il n’y a pas de traitement.
La moutarde me monte au nez, il doit le sentir : pour le coup, je dois lui faire « les gros yeux ». Alors, avec un énième haussement d’épaules :
– Si vous voulez, je peux demander à votre médecin de vous prescrire un scanner et une analyse de sang pour la thyroïde.**
Bien sûr que je veux !
La secrétaire cachète le courrier vite vite comme si elle ne voulait pas que je le voie, je ne l’ai donc pas lu. Le soir-même, je suis chez mon médecin que je n’avais pas consulté depuis au moins 2 ans (je suis en parfaite santé, à 65 ans, quelle chance…). Comme moi, il pense plutôt que la myopie s’est aggravée du fait de la déformation de l’œil. Reste à savoir pourquoi cette déformation, donc scanner et analyse de sang, bien qu’un problème de thyroïde semble peu probable, ce qui a été confirmé deux jours plus tard.
21 décembre 2012 – ORL
Non, cette exorbitation n’est pas de son ressort, elle n’a rien à voir avec mon otite séreuse*. Je lui raconte ma visite chez l’ophtalmo. Ça le fait sourire, bien sûr il n’y croit pas.
Il examine mes tympans, extrait le diabolo (à gauche depuis 4 ans), me soumet à un audiogramme. Ce jour-là, je n’ai pas l’oreille bouchée (avec le recul, je précise : ce jour-là). Cet examen révèle une bonne audition, malgré un manque aux deux extrémités à la fois, dans les graves et dans les aigus. (Euh… c’est quoi une bonne audition ?)
– Ça fait longtemps que je dis qu’il me manque des pixels de l’oreille !
Ça l’amuse, mais :
– C’est exactement ça !
Pas de traitement nécessaire, il me demande de le tenir au courant des résultats du scanner.
25 décembre 2012 – En famille
Tout le monde s’affole, moi pas. L’opticien insiste sur le sérieux du sujet. Ils me cassent les pieds : j’ai le scanner le 28, que voulez-vous que je fasse avant ?
28 décembre 2012 – Scanner
Ne parlons pas de l’attente avant et après l’examen.
Je regrette de ne pas me rappeler les termes exacts du Dr Lbt. Il a dû me parler de tumeur bénigne et m’a conseillé de consulter un neurochirurgien à Bordeaux ou Toulouse. Je n’ai réagi que quand il a quitté la cabine et en riant en mon for intérieur : « ça y est, moi aussi j’ai mon méningiome ».
En attendant de régler, je demande à le revoir une minute et je consulte le dossier qu’on vient de me remettre. Et oui, c’est net, je reconnais bien le méningiome* sur le cliché. Je lis le compte-rendu et le dernier paragraphe me fait sourire : « possible méningiome ».
Quand je revois le Dr Lbt, je lui explique que ma mère est suivie depuis 20 ans à Purpan pour un méningiome* et un neurinome*. Le méningiome est stable et ne bougera plus (« c’est un caillou » m’avait dit la neurologue, j’avais répondu que ça fait longtemps dans la famille qu’on sait que Maminou a un caillou dans la tête). Le neurinome a été traité par irradiation il y a 3 ans, s’est légèrement réduit de ce fait et ne bouge plus depuis. Ça le conforte dans son diagnostic de méningiome, il suppose qu’il est là depuis longtemps et insiste pour que je consulte un neurochirurgien. Or, j’ai « la chance » que ma mère ait son contrôle programmé pour le 25 janvier, je vais me coller à son rendez-vous.
Sortie de radiologie, je monte au service ORL. Je dois attendre ; des urgences, un peu de bousculade. J’ai tout le temps de digérer la nouvelle. Pas très inquiète, je sais quels sont les traitements : opération ou irradiation, peut-être les deux. Moi qui ai horreur qu’on fouille dans mes affaires, va falloir que je les laisse m’ouvrir le crâne et ça ne me réjouit guère.
Je lui répète ce que je viens de dire au radiologue. J’ai de « la chance » de pouvoir obtenir un rendez-vous si vite. Attentif à mon cas, il me prescrit une IRM, car le scanner lui paraît insuffisant et il vaut mieux que j’aille à ces consultations avec un maximum d’éléments, ça pourrait me faire gagner quelques semaines.
Je repasse en radiologie et prends rendez-vous pour le 16 janvier.
Il fait nuit, mais l’après-midi n’est pas fini. Déjà deux appels de Maminou sur mon portable, elle s’inquiète et s’impatiente.
– Alors ?
– Eh, eh ! devine : méningiome.
– Tu te fous de moi !?
– Ben, non, méningiome.
Et bien sûr, comm’ d’hab, je me fais eng… pardon houspiller :
– C’est pas vrai ! nom d’un chien, tu n’avais pas autre chose à prendre chez moi ? Nom de dieux de nom de dieux !le
Elle est catastrophée, piétine en rond, jure (oh !) va passer une « mauvaise nuit », moi je vois le bon côté : on sait ce que c’est, c’est bénin, on connaît les traitements, et je vais prendre rendez-vous pour le 25. D’ici là, on ne peut qu’attendre.
*cf. le dictionnaire
** voir ch.10 la réponse de son « patron » (29 avril)
Ok, j’avais pas tout compris.
J’ai adoré ta recherche de vocabulaire, à savoir le mot patient… maintenant, je vois plus mon médecin de la même façon.
Avec tes photos… on en oublierait pourquoi on vient prendre en douce de tes nouvelles en détails
A bientôt pour un café ou tisane au soleil dans ton jardin.
Bises
BR
et oui , en lisant ton chapitre 1, j’ai reconnu des choses… l’attente. On ne savait pas me dire d’où ça venait ce problème d’œil.
Mais tu as l’air d’avoir la pêche ! Allez on s’en sort, c’est un mauvais moment à passer, je sais de quoi je parle
Bon dimanche !!!
et merci d’être passée sur mon blog
Coucou,
C’est sûr, après c’est repos calme, et avant c’est « t’en fais pas, ça se passera bien » l’optimisme c’est leur truc chez les Lag(…) et ça marche toujours…
Bises à vous tous
BR
Je vois que tu flirtes avec mon blog, BrigitteR… @+
je vois que tu as la pêche! je sais que c’est héréditaire et que la solution est de l’enlever et il est dit qu’une bonne gestion de l’après est primordiale! du calme , de la sérénité, des ballades enfin « mens sana in corpore sano » !
je suis avec toi gros bisous et avertis-moi de l’évolution la semaine prochaine j’aurai un truc sérieux à te dire….